Il y a quelques années, alors étudiante en art-thérapie et en immersion dans un service hospitalier ; j’accueille une personne qui a rendez-vous à l’unité : cette dernière est particulièrement agitée, son angoisse étant réactivée par le cadre hospitalier. Elle demande, s’il y a du retard (petit pléonasme) si elle peut attendre dans le parc de l’établissement pour gagner en tranquillité.
La professionnelle de soin référente refuse catégoriquement me disant que cette dernière est une « patiente » et que comme son nom l’indique, elle doit patienter …

Je reste à l’époque sidérée par une telle remarque.

Il y a quelques mois de cela, je suis accompagnante dans une unité d’oncologie. Et là tout autre environnement, des personnes affables, quêtant les attentes trop longues et nous invitant à aller déjeuner en prenant nos numéros de téléphone, pour nous permettre de vivre ce temps d’attente avec plus de douceur et de réconfort . Cette unité bénéficie t’elle d’espaces d’écoute et le personnel est-il lui même dans un système qui le considère et le prend en compte?

Qu’est-ce qui différencie autant la couleur d’accueil et d’accompagnement d’un lieu à l’autre?

« Nous ne cherchons pas un espace vide dans leur cœur, nous recherchons un espace honnête. »

En tous les cas ce thème active chez moi une grande sensibilité.

Etymologiquement, accueillir est formé du préfixe latin « ad » qui indique la direction et du radical cueillir, issu du latin « colligere » qui signifie rassembler. 

Accueillir et cueillir sont de proches parents.
Accueillir, ce peut donc être à la fois :
> cueillir au sens de prendre ce qui est présenté, détacher, séparer
> recevoir quelqu’un d’une certaine façon
> cueillir au sens de rassembler
> conduire vers

Dans mon ADN coule cette attention / intention, celle d’accueillir la personne que je rencontre, et que grâce à cet accueil, elle puisse à son tour se déposer et ainsi lever le voile : se séparer de certains masques, pour mieux rencontrer son essence, rassembler ses parts vers une certaine authenticité et intégrité, la conduire vers une plus grande autonomie.

Je ne suis pas coach, je ne souhaite me référer à aucune bible (DSM-5 et consort) … je propose un accompagnement qui part de mon ouverture, de mon espace d’accueil pour rencontrer pleinement l’être qui est en face de moi.

A toi, considéré si souvent comme un « patient », je te dis bienvenue de l’endroit de mon coeur.

Tu n’es pas « moins », tu n’es pas « en deçà », ton identité ne se limite pas à cet endroit du « patient », à cette « «personne qui est condamnée au supplice» si j’en crois son étymologie.

© Amanda McCavour